L'Irlandaise, voiture 4
Bernard Oustrières
Roman d'amour

Carnot -Obliques
224p / 15 euros

L'Irlandaise, voiture 4
Tom Fairfax est un homme désespéré. Son ancien associé s'est enfui après l'avoir ruiné, son meilleur ami s'est suicidé emportant avec lui sa femme - qui était aussi la maîtresse de Tom - et ses enfants. Fou de douleur, il décide de se venger et pour cela embauche une tueuse à gages. Mais tout n'est pas aussi simple qu'il le voudrait. Maureen, la tueuse est Irlandaise et a des principes. Elle oblige son client à se mouiller dans l'affaire. Notre pauvre informaticien se retrouve dans un monde de violence totalement inconnu. Les ennuis s'enchaînent à une vitesse folle et Tom est complètement largué. Son âme meurtrie s'apaisera-t-elle, retrouvera-t-il son Irlandaise ?
Le livre commence comme un thriller mais vire très vite à l'étude d'un homme en proie à ses démons, fasciné par la vengeance, horrifié par la violence et incapable de voir en lui-même. Une superbe histoire écrite avec tact et émotion.

Bernard Reversat

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www.00h00.com
154p / 12 euros

Dites-le avec des tueurs
Prenez une belle vache de Salers, ajoutez un vieux cheval de retour, une tête de veau sous forme de président de la République, quelques services secrets givrés et un samouraï fou. Mettez-les dans un foutoir républicain à demi rempli de magouilles, saupoudrez d'éclats de rires et faites sauter avec un portable RS 312. Touiller rapidement car les ingrédients ont tendance à virer à l'aigre. Dégustez chaud et si la sauce aux rires vire à l'amer, accompagnez-la de Gentiane, l'autre spécialité de Salers.

Bernard Reversat

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10/18 Grands Détectives
416p / 7,80 euros

Belgrave Square
Le dix-neuvième siècle se termine. Londres se remet tout juste de sa frayeur après les exploits de Jack l'Eventreur. Les meurtres succèdent aux meurtres et la police ne jouit pas d'une considération générale. Elle fait pourtant ce qu'elle peut, l'inspecteur Pitt, du commissariat de Bow Street, en tête. Un usurier a été assassiné et bien qu'il ne laisse pas de regrets éternels, la loi exige que son assassin soit arrêté. Enquête difficile car notre usurier se double d'un maître chanteur. Grosses fortunes et personnages importants font leur apparition. Ces aristocrates ne vouent pas un amour immodéré aux représentants de loi, par qui le scandale arrive. Il faudra à Pitt toute l'aide que peut lui apporter Charlotte, sa femme, pour résoudre cette énigme sordide.
Anne Perry, une des meilleures spécialistes de l'époque victorienne a aussi créé une excellente série consacrée à son autre héros, l'inspecteur William Monk.

Bernard Reversat

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Editions du Masque
358p / 19,50 euros

Le cavalier-squelette
Est-ce bien le dernier roman de G. J. Arnaud, l'homme qui manie sa plume plus vite que son ombre ? Qu'importe si la cuvée est bonne. Ce diable d'homme avait commencé une série de polars historique à l'Atalante. Le voici qui récidive au Masque. Zélie, jeune veuve, essaie de survivre grâce a son talent de photographe. Les temps sont durs, la guerre contre les Prussiens vient juste de s'achever. Bêtes et gens essaient de panser leurs blessures. Zélie s'acharne sur son travail pour tenter d'oublier son mari tué sur la Loire. Hélas, le passé la rattrape, la voilà en danger de mort. Qui veut la tuer et pourquoi ? Tout l'art d'Arnaud est de développer autour de cette intrigue toute simple, une galerie de personnages fortement campés et de les faire évoluer dans le cadre rude, sauvage, mais si beau des Corbières.

Bernard Reversat

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Robert Laffont
368 p / 21,20 euros

Poison vert
Gros pavé dans ma petite mare, ce bouquin ! Déjà que j'ai du mal à brasser les piles qui s'entassent sur mon bureau. Best-seller dans toute sa splendeur, le bougre. J'ouvre ! Déjà un caïman, ça commence bien. Puis un cadavre douteux, une magouille pharmaceutique et… Le héros de l'histoire, Sénéchal, fonctionnaire de l' improbable FREDE (Section de répression des fraudes et délits sur l'environnement) aura bien du mal a retrouver ses OGM dans le foutoir qui s'annonce. Il est vrai que l'on tue à tout va et de curieuse manière. Tout est bon, du 357 magnum au venin de dendrobate. Et que viennent faire les mystérieuses feuilles inconnues de la science trouvées sur un des cadavres ? Du haut de ses 2m02, Pierre Sénéchal domine son sujet, subit de curieuses aventures en Guyane et résout brillamment le mystère.
Un agréable moment de distraction sans prétention.

Bernard Reversat

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Nil Éditions
426p / 21,20 euros

Les proies de l'officier
Mister Géricault and Docteur Goya
Armand Cabasson nous entraîne avec les troupes de Napoléon vers Moscou, au milieu de cette coalition où les lanciers polonais sont au coude à coude avec les chasseurs prussiens et italiens. Au fil du récit, cette soldatesque se nettoie d'un romantisme "quatrevingtreizard" (la Révolution s'exporte mal…) pour côtoyer un expressionnisme beaucoup plus cru. Géricault découvre la manière noire de Goya. L'horreur s'infiltre peu à peu entre les sabretaches et les brandebourgs. La peur colle aux uniformes. Survivre devient une science désespérément humaine. Pourtant, un homme a du cœur, un ventre, une réelle conscience professionnelle. Un serial killer sévit. Il fait des heures sup. Pendant les étapes, il massacre des femmes. C'est certainement un officier supérieur ce qui n'arrange pas la tâche du capitaine Margont mandaté par le prince Eugène (beau-fils de l'empereur) pour mener une enquête discrète.
Armand Cabasson s'inscrit dans cette tradition du roman historique dont le récit documenté s'articule parfaitement autour de personnages saisis sur le vif. C'est la terrible logique de la survie qui fait vivre ces personnages. La force de l'imaginaire d'Armand Cabasson fait rebondir notre regard et notre curiosité sur une érudition aussi vive, indispensable mise en relief du casting. La voie impériale redécouverte par Patrick Rambaud lequel, rappelons-le, fut récompensé par le Goncourt et le prix de l'Académie Française pour La bataille. Les proies de l'officier fait partie de ces ouvrages raffinés et si l'auteur est un psy, à aucun moment sa connaissance de l'âme humaine n'émousse le fil du sabre de ses hussards et c'est tant mieux.
Lisez vite Les proies de l'officier. Sinon, vous risquez de mourir idiot et gelé aux portes de Moscou.

François Vitalis

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Murder Inc.
192p / 19,70 euros

Magic mic-mac
Le pauvre Humphrey Flanagan est poursuivi par la malchance. Dans "Brique à braque", il comptait s'installer tranquillement antiquaire et faire son trou sans faire de vagues. Ce fut raté. Le voici maintenant plus ou moins arrivé. Sauf qu'il voudrait bien se débarrasser de sa femme et que le tonton à héritage ne lui a rien laissé, pas un radis. Il se demande bien pourquoi et se laisse entraîner dans une histoire de fous. Magie, pas magie, paranormal et "Vieux Gentleman" se mêlent dans un roman ou la fin est totalement inattendue. Russell Greenan confirme les promesses de son premier ouvrage et se hisse à côté de ses grands aînés.

Bernard Reversat

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Editions des Ecrivains
316p / 19,67 euros

Le thème de l'assassin
Etes-vous Vierge, Lion ou Scorpion, sous l'influence de Mars, Vénus ou Jupiter ? Le commissaire Malicorne s'en foutait royalement jusqu'à ce qu'un petit malin lui recommande instamment d'y prêter une attention des plus assidues. Le Serpentaire, en effet, ne frappe qu'un signe à la fois. Balance, Gémeaux, Scorpion, le tour du Taureau va bientôt arriver. Il est du même signe notre commissaire ce qui l'ennuie tout de même un peu. Espérons que les astres lui seront favorables et qu'il ira au bout de sa tâche de salubrité publique sans y laisser trop de plumes (de poils serait mieux pour un Taureau). Un bon premier roman, bien conçu et bien écrit. L'intrigue est plus que correcte, les personnages excellents et l'écriture agréable bien qu'un peu chargée.

Bernard Reversat

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Métailié Suites
120p / 7,50 euros

La mer détraquée
Roman court ou longue nouvelle ? Ce n'est pas la longueur qui fait la qualité de ce livre mais l'habileté de l'auteur à nous montrer quelques marionnettes qui se démènent furieusement dans la bonne ville de Naples. Naples, ville des tous les excès, de tous les impossibles, sorte de Marseille encore plus colorée, plus exubérante ou les senteurs de nourriture se mêlent aux relents d'égouts. Tout le monde devient un peu fou, là-bas, le soleil tape sur les crânes jusqu'à ce que mort s'ensuive. Des drames minables, subis par des minables et commis par encore plus minables. Un climat profondément dérangeant de misère triste et de loosers sans illusions. Une tragédie baroque avec un dénouement dérisoire et stupide. Une réflexion acerbe sur l'Italie d'aujourd'hui qui va beaucoup plus loin que le genre policier.

Bernard Reversat

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Flammarion Noir
306p / 19 euros

Autobiographie d'une tueuse
Jubilatoire est le premier mot qui me vient à l'esprit en pensant à ce livre. On sent que Brigitte Kernel s'est bien amusée en créant une Tati Danièle à la puissance dix. Méchante, acariâtre, rusée et surtout meurtrière. Tout le monde est allègrement passé à la moulinette : le mari, le fils, les voisines, les vagabonds et les copines. Heureusement qu'elle ne les enterre pas au fond du jardin, il faudrait l'agrandir. Et voilà qu'elle se découvre - grâce à une émission de télévision - une nouvelle famille : le petit Blaise, qu'elle aurait abandonné à la naissance. Mais on se lasse vite et Eugénie, qui ne ferait pas de mal à une mouche, songe déjà à la manière de se débarrasser de son gros bébé, devenu un peu encombrant. Un chef d'œuvre d'humour noir et un des livres les plus amusants de l'année.

Bernard Reversat

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Noir Délire
206p / 13,42 euros

Trois poulets et un tondu
Ah ! le Gers, son calme, la douce ondulation du paysage et le temps clément qui y règne. Quoi de mieux pour prendre sa retraite, surtout si on est anglais. Pourtant si on mélange une communauté d'illuminés, une nauséabonde usine de conserves, un maire atteint par la folie des grandeurs, deux ou trois salopes de passage, sans oublier les tueurs au petit pied et des gendarmes particulièrement gratinés, on s'exclame comme le héros de l'histoire :
What the flying fuck is that !
Gérard Lapagesse ne fait pas dans la dentelle et nous offre une franche déconnade. C'est enjoué, enlevé, sans prétention et surtout sans concession. Derrière l'amusement perce quelques grincements de dents et l'auteur en profite pour égratigner -sans se faire d'illusions- gentiment notre société.

Bernard Reversat

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Editions Jigal
284p / 12,20 euros

Le dernier des Chapacans
Putaing de la Mère ! Même à Marseille ce n'est pas si courant de retrouver un cadavre assis dans une benne à ordures, surtout affublé d'un masque et d'un tuba, sans oublier l'étiquette agrafée à son oreille ! Et si on trouve un autre joyeusement enfoncé dans les toilettes municipales, ça commence à faire jaser. Les keufs n'ont pas trop l'air de se défoncer sur l'affaire et nos bons bourgeois ne sont plus gardés. De quoi se faire des cheveux blancs pour les survivants de la bande des Chapacans, ceux qui par une belle journée de plongée, avaient perdu l'un des leurs dans des conditions plus que suspectes.
Mine de rien, le lecteur se laisse prendre à l'ambiance nonchalante du récit qui coule (presque tranquille) jusqu'à un dénouement assez inattendu.
Du polar solide. Maurice Gouiran s'améliore de livre en livre et c'est tant mieux pour ses lecteurs.

Bernard Reversat

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Fayard Policiers
262p / 13,57 euros

Moissons troubles
Parnello Moran est marchand de tableaux par goût. Doté d'un œil infaillible, son plus grand plaisir est de découvrir l'œuvre inestimable qui se cache dans l'anonymat des salles des ventes. Tableaux méprisés des "connaisseurs" qu'il prend un malin plaisir à revendre - fort cher - à des amateurs soi-disant "éclairés". Pas pour l'argent, non, simplement pour la beauté du geste. Sa dernière découverte va l'emmener près de cinquante ans en arrière, dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Tableaux volés, magouilles en tout genre, qui cherche à faire disparaître les traces d'un passé peu glorieux et parsemé de zones d'ombre. Un souffle passe sur le livre de Philip Hook qui n'est pas sans rappeler ceux de Perez-Reverte, un autre grand nom du policier. Philip Hook , un petit nouveau à suivre dans l'excellente collection de Fayard.

Bernard Reversat

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Le Masque
308p / 15 euros

L'affaire Callas
Amateurs d'opéra, réjouissez-vous ! Didon, reine de Carthage, est de retour au palais Garnier. La pièce d'Hector Berlioz, les Troyens, est l'évènement de l'année. Le tout Paris se presse pour voir les plus grandes divas du moment. Dans les coulisses, le drame est réel, curieux évanouissement de Cassandre et plus encore, coup de poignard à l'interprète principale. Une malédiction rôde-t-elle sur les artistes ? On pourrait le penser car d'autres meurtres se produisent dans les plus prestigieux théâtres d'Europe. Enquête difficile dans un milieu ou plane l'ombre de l'illustrissime Maria Callas. Où est la réalité, la vérité dans ce monde de strass et de faux-semblants. Alain Germain connaît à fond les rouages les plus intimes du théâtre. Il nous offre une vaste fresque ou Démesure se confronte avec Réalité pour notre plus grand plaisir.
Un livre fantasque, brillant pour une histoire malheureusement (trop) vraisemblable.

Bernard Reversat

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UGE - 10/18
256p / 6,90 euros

Le chat qui remontait la rivière
Connaissez-vous Yom-Yom et Koko, les deux siamois les plus intelligents du "Pays au milieu de nulle-part". Ils élèvent, non sans difficultés, un riche bipède, ancien journaliste, toujours à fourrer son nez où il ne le faudrait pas. Patatras, ça ne manque pas, un meurtre est commis et nos aimables quadrupèdes vont devoir se démener pour apporter la solution à un maître qui se met à les négliger. Moins de petits plats, moins de caresses et horreur ! des repas en retard. De quoi vous donner envie de miauler toute la nuit et d'accélérer une enquête, pour eux, sans intérêt.
Une bonne vingtaine de volumes vous feront découvrir un auteur pour qui l'histoire n'est là que pour mettre en valeur les faits et gestes de la gent féline. Pas de thriller haletant mais une promenade feutrée dans la bonne (où mauvaise) conscience de gens tout à fait ordinaires.

Bernard Reversat

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Série Noire / Gallimard
224p / 8 euros

Troubles fêtes
Dès le titre, l'ambiguïté s'installe : s'agit-il de fêtes troubles ou de fêtes que l'on trouble ? Un peu des deux, en fait, pour ces quatorze nouvelles très sombres, ce que Chantal Pelletier a écrit de plus noir depuis Le Chant du bouc.
En amont de chaque récit, une situation souvent classique et un personnage souvent banal : c'est Jeanne, la jeune caissière de supermarché sensible et fragile ou Monique qui désire plus que tout une cuisine neuve. Antoinette et Adrien, si fiers de leurs meubles anciens, hantés par la peur d'un cambriolage ou ce couple qui veut à tout prix un enfant au risque de l'adoption.
Et très vite, la vie dérape et l'espoir tourne au cauchemar. Des destins qui vacillent un instant au bord du précipice avant de basculer… Par excès, par folie, par détresse ou cassés par les rôles sociaux qu'ils s'efforcent de tenir. Et les couples se déchirent, s'éloignent, effeuillent le désamour…
Une grande noirceur - "Maintenant, Jeanne n'a plus de copines, elles sont toutes mariées, avec des enfants, des ventres mous, des visages dont la peau coule doucement, et, de leurs rires, il ne reste que les rides" - derrière laquelle perce un humour discret, toujours mordant.
Des portraits souvent cruels - comme celui d'Amichaël, vieux comique dépressif et hypocondriaque - masquent la tendresse que l'auteur porte à ses personnages. Caustique et précise, Chantal Pelletier dessine en quelques pages une vraie histoire, dense comme le réel, des êtres si attachants qu'ils restent en mémoire bien après les avoir quittés. Chacune de ces nouvelles va droit au but, droit au cœur et laisse son empreinte.

Léo Lamarche

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