R O M A N S
15/11/2008

Le putsch
Gérard Streiff

Toucan noir
204 p / 15€

Le putsch
URSS, 19 août 1991.
Alors que Mikhaïl Gorbatchev est en vacances à Foros, en Crimée, avec ses petites filles et Raïssa son épouse, que des bruits circulent sur une éventuelle maladie du chef de l'état soviétique, un putsch a lieu à Moscou. Depuis quatre heures du matin, un nouveau régime a été mis en place par le GKTchP, le Comité Gouvernemental pour l'Etat d'Urgence, composé de huit personnalités issues du premier cercle dirigeant dont le vice-président, le premier ministre, le ministre de l'intérieur, celui des armées et le patron du KGB. Boris Eltsine, enfermé dans la Maison Blanche, destitue et destitue pour nommer très méthodiquement ses proches, les chars de la division Taman prennent position autour du Parlement, l'ornithologue français Patrick Layrac, revenu tout juste de Sibérie, décide de quitter son hôtel direction la Douma et là il rencontre Léna…
L'Occident entend le bruit des bottes et des chars par l'intermédiaire d'agences de presse relatant depuis Moscou les événements. L'agence Paris Presse en est une. Laure Grangier, la dernière arrivée dans ce repaire de machos, se voit confier plus généralement les faits divers. Et ce même matin, elle apprend une info troublante, mise de côté faute au putsch ; Alexis Pobiedov, le directeur de cabinet du maire de Moscou, vient d'être assassiné à coup de hache…
En bref, un polar sur fond de crise politique entre fiction et réalité, entre passion et haine, entre raison et folie, avec en prime l'intervention depuis l'au-delà de Maïakowski l'écrivain maudit et suicidé en 1930, ou du moins celle du gardien de son temple. Un très bon Streiff.

Bernard Bec


Fureur assassine
Jonathan Kellerman

Seuil Policiers
408 p / 21,80€

Fureur assassine
Alors qu'Alex Delaware, psychologue, pensait se reposer une quinzaine de jours, celui-ci reçoit un coup de fil. A l'autre bout de la ligne, Rand Duchay, un simple d'esprit, lui annonce qu'il vient d'être libéré d'une institution pénale pour mineurs. Lorsqu'ils étaient à peine adolescents, lui et son copain Troy Turner avaient été condamnés pour l'enlèvement et l'assassinat d'une petite fille de deux ans, dans un centre commercial de Los Angeles. C'était le juge pour enfants, Tom Laskin, qui avait fait appel aux compétences d'Alex pour évaluer leur degré de responsabilité. Et voilà qu'après toutes ces années, Rand désire rencontrer le psychologue mais ne se rend pas au rendez-vous fixé par ce dernier. Quelques jours plus tard, on retrouvera son corps avec une balle dans la tête. Le fait étonnant est que Troy Turner lui, avait été tué un mois après son incarcération.
Les deux assassins de la fillette ont donc été assassinés à huit ans d'écart. S'agit-il d'une vengeance et pourquoi avoir attendu si longtemps pour éliminer Rand ?
L'inspecteur Milo Sturgis et Alex Delaware vont décider d'enquêter sur ces morts brutales. Ils vont s'intéresser de près au père de la petite victime et émettre des doutes sur le suicide de la mère de celle-ci. Etait-ce vraiment le chagrin qui l'avait conduite à se supprimer ?
Leurs investigations vont leur faire découvrir des vérités bien plus terribles qu'ils n'imaginaient. Vont-ils réussir à percer tous les secrets enfouis et comprendre ainsi les drames qui en ont découlés ?

Le lecteur est entraîné dans une enquête passionnante et minutieuse qui se révèle d'une grande complexité. La vengeance et la folie donnent ici un cocktail des plus meurtriers.

Dany Neuman


Le rouge du péché
Elizabeth George

Presse de la cité
522 p / 22,50€

Le rouge du péché
Un homme marche le long des côtes de Cornouailles. Sale, n'ayant presque pas de bagage, il avance sans autre but que de ne pas penser au passé. La soif va le conduire vers un cottage isolé où il pourra demander un peu d'eau. C'est alors qu'au pied de la falaise, il aperçoit une tache rouge, c'est un corps. Il s'agit de celui d'un jeune homme, Santo Kerne, celui-ci faisait, vraisemblablement, de l'escalade. Il se précipite vers la maison pour téléphoner et appeler les secours et c'est par effraction qu'il pénètre à l'intérieur au moment même où sa propriétaire, Draide Trahair, arrive.
La police va les interroger et vite s'apercevoir que le vagabond n'est autre qu'un des leurs. Il s'agit de Thomas Lynley qui faisait partie du New Scotland Yard et que le meurtre de sa femme a plongé en plein désarroi. Chargé de l'enquête, l'inspecteur Bea Hannaford va le mettre à contribution car tout porte à croire qu'il ne s'agit pas d'un accident.
Draide Trahair va se révéler suspect aux yeux des enquêteurs car, lors de son interrogatoire, elle va mentir à plusieurs reprises. En premier lieu, elle connaissait la victime, Santo Kerne.
Tiraillé entre l'amitié qu'il porte à la jeune femme, Thomas Lynley va-t-il pouvoir tenir sa promesse et essayer d'en savoir plus sur elle ? De plus, il va retrouver sa coéquipière, Barbara Havers, que Londres a dépêchée sur place pour essayer de le récupérer malgré la détresse dans laquelle il est plongé.
Elizabeth George situe son action en Cornouailles, un pays sauvage, aux falaises abruptes et dangereuses, face à une mer déchaînée dont les énormes vagues font le bonheur des surfeurs. Elle nous fait découvrir l'évolution d'un petit village qui, après le déclin des industries minières allait être sauvée par la venue d'un nouvel engouement, le surf. Une véritable résurrection pour les gens du pays, grâce aux vacanciers et aux adeptes de ce nouveau sport.

L'intrigue est très dense et les personnages disséqués avec soin, faisant de chacun d'eux un coupable potentiel. L'auteur évoque à travers eux, les différentes douleurs qui peuvent marquer une vie et la difficulté à les surmonter. Un roman captivant où le suspense est soigneusement entretenu jusqu'aux dernières pages.

Dany Neuman


Chiens de sang
Karine Giébel

Fleuve Noir
282 p / 14,90€

Chiens de sang
207e page
Alors que Sarhaan le Malien aide Rémy à se traîner et à fuir la horde du Lord lancée à leur recherche dans cette propriété de Sologne, voilà ce dernier qui repense à une jeune femme dont il croisait le regard lorsqu'il faisait la manche à Paris. Elle était grande, avait des cheveux longs, et vu le matériel qu'elle transportait, devait être photographe. Jamais elle ne lui a donné un euro, seulement dit bonjour. Comment pouvait-elle se prénommer ? Il lui verrait bien un prénom de déesse…
208e Page
Diane est presque arrivée ou elle doit retrouver le GR, après cette montée épuisante, surtout avec une balle dans un bras, ce sera le plat jusqu'au village cévenol. Personne de la meute lancée à ses trousses semble là à l'attendre. Elle accélère le pas. Ses pensées vont à ce type, un clochard qui mendiait dans sa rue. Jeune, baraqué et qui ne manquait pas de charme. Jamais elle ne lui a donné une pièce alors que ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Que fait-il en ce moment ?…

Que s'est-il passé avant la 207e page et que se passera-t-il après la 208e  ? Vous le saurez en lisant ce terrifiant roman. Malgré l'horreur de presque chaque page, vous ne pourrez le lâcher. Vous les tournerez et les tournerez du début jusqu'à la fin.

Après le huis-clos de son précédent livre « Les morsures de l'ombre », Prix Intramuros 2008, la voici qui nous fait prendre l'air mais c'est encore pire. Nous sommes confrontés au Mal qui peut se cacher au plus profond des hommes. Nous les lecteurs, nous n'aurions jamais dû échanger une histoire contre deux. A toujours vouloir gagner plus, on angoisse plus en lisant Karine Giébel.

Bernard Bec

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