R O M A N S
23/11/2009

Rendez-vous au 10 avril
Benoît Séverac

Editions tme
316 p / 19 €

Rendez-vous au 10 avril
Un ancien poilu cauchemarde toutes les nuits. Il revoit ce qu'il a vécu dans les tranchées du nord de la France, ses camarades d'infortune qui se volatilisent tout près de lui, fauchés par des salves d'obus. Il est lieutenant et se nomme André Puma. Démobilisé, il devient inspecteur de police et se retrouve en poste à Toulouse. Pour oublier ce qu'il a vécu pendant la guerre, il boit et est devenu morphinomane.
André Puma est chargé d'enquêter sur un suicide au revolver. Le mort, un professeur à l'école vétérinaire de la ville rose, a crépi les murs de sa bibliothèque de sang, de cervelle et de morceaux de cuir chevelu. L'inspecteur lui, croit plutôt à un meurtre, l'expérience et l'étude balistique lui donnent raison. Il va se lancer dans une enquête qui va le mener dans cette fameuse institution. Il découvrira que, pendant que lui et ses camarades se faisaient casser la figure, d'autres en profitaient pour faire des affaires et s'en mettre plein les poches. C'est exactement ce qui se passerait aujourd'hui si nous étions confrontés à un conflit à notre porte. Devant, les pauvres et les sans grade, pour servir de chair à canon et, à l'arrière, les riches qui profitent et les généraux planqués qui trustent les médailles.
Ce livre m'a beaucoup plu. Je me suis souvenu de mon grand-père lorsqu'il me racontait avec moult détails, comment il avait perdu une jambe à Verdun sans se souvenir vraiment si c'était le jour ou la nuit, tant les obus tombaient dru. Sûr que la folie le guettait, sûr qu'il avait été délaissé par les gradés et ensuite par les politiciens de l'époque.

C'est un polar et un livre d'histoire qui devrait toucher plusieurs générations. Perso, je n'avais pas prévu de parler de mon aïeul, mais l'occasion était trop belle.

Patrice Farnier


Un automne à River Falls
Alexis Aubenque

Editions Calmann-Lévy
462 p / 17,50€

Un automne à River Falls
Ville de River Falls, Etat de Washington. Colline des milliardaires.
Robert Gordon, brillant avocat, se donne du bon temps avec sa maîtresse du moment, Samantha Ridley. Des petites amies, il n'en manque pas. Pour le décrire ; physique avantageux et très riche. Pour séduire les filles, c'est un bon début n'est-ce pas ?
Mais comme tout a une fin, surtout les meilleures choses, le séducteur est retrouvé au matin, électrocuté dans son jacuzzi. Sa girl friend a été chloroformée pendant son sommeil, donc elle est totalement innocente et n'a rien vu ni rien entendu. Dans le même temps, un SDF est retrouvé mort, jeté d'un pont, proche d'une « jungle » comme à Sangatte. L'homme est inconnu, la police américaine le surnomme « John Doe » jusqu'à ce qu'il soit identifié.
Le shérif Mike Logan se charge de l'enquête, aidé en cela par sa fiancée Jessica Hurley, en vacances et profileuse au FBI. Leurs premières investigations les mènent dans la direction d'un trafic d'influence. Ils découvrent qu'un notaire, qu'un banquier, qu'un promoteur-constructeur immobilier seraient impliqués. Trop facile, il y a autre chose, mais pour le découvrir, ils vont avoir du pain sur la planche, le lecteur aussi.

Ce bouquin est tout simplement génial. Une enquête pleine d'imprévus, de rebondissements, avec une pointe de nostalgie pour la bande son proposée, celle de Led Zeppelin, Don Felder, ZZ Top, Patti Smith, Deep Purple et des frères Young d'ACDC.

NB : Alexis Aubenque a reçu le Prix POLAR 2009 pour ce livre « Un automne à River Falls ». Il est reconnaissable dans toutes les librairies de France et de Navarre à son bandeau jaune. Qu'on se le dise !

Patrice Farnier


A vif
Diane Emley

Belfond
396 p / 20,55€

A vif
Un couple, Oliver Mercer et sa compagne Lauren Richards, sont sauvagement assassinés. La manière dont ils ont été tués est particulièrement atroce. La détective Nan Vining et son coéquipier Jim Kissick sont chargés de l'enquête. Encore mal remise de l'agression qui avait failli lui coûter la vie, la jeune femme va se retrouver à nouveau confrontée à l'horreur. Les premiers indices conduisent à penser que l'agresseur était travesti en femme. Les proches des victimes dont l'associé de Mercer, Mark Scoville, vont être interrogés. Il est vrai que la mort de Mercer arrange bien les affaires de Scoville qui se révèle être un alcoolique et un joueur qui parie de grosses sommes. L'épouse de ce dernier, Dena Hale, est une célèbre présentatrice à la télévision, leur couple bat de l'aile depuis un certain temps.
En ce jour de fête du Travail, il y a foule à Pasadena. A la terrasse d'un café, un jeune homme à l'aspect inoffensif commence à faire un strip-tease. Manquant de provoquer une émeute, l'inconnu s'enfuit dans Colorado Boulevard, poursuivi par deux policiers. L'exhibitionniste sera vite ceinturé et emmené, fait curieux, cet homme porte un collier autour du cou. Dans ses affaires, ils découvriront un carnet de croquis. Ceux-ci représentent des fleurs, des animaux mais aussi des esquisses de femmes torturées, toutes dans des situations violentes, l'une des scènes représente Nan.
Comment Nan Vining va-t-elle pouvoir surmonter sa peur en s'apercevant que sa vie est toujours menacée par celui qui n'a pas fini de la harceler.

Dans ce second livre de Diane Emley, nous retrouvons sa détective toujours traumatisée par ce qu'elle a subi dans le passé, mais qui essaie de combattre ses démons en affrontant tous les dangers, surtout lorsque l'on voudrait s'en prendre à sa propre fille. Un thriller qui ne laisse aucun répit au lecteur.

Dany Neuman


Darling Jim
Christian Mork

Le Serpent à plumes
380 p / 20€

Darling Jim
Dans une petite ville proche de Dublin, Malahide, les corps sans vie de trois femmes ont été découverts. Ce sont ceux de Moira Hegarty et de ses deux nièces Fiona et Roisin. Ces meurtres resteront un mystère pour les policiers même si tout laisse à penser que ces femmes ont été séquestrées et empoisonnées par leur tante.
Quelque temps après, un jeune postier, Niall, plus enclin à dessiner qu'à faire son travail, découvre par hasard dans les courriers mis au rebus, le journal de Fiona. A peine a-t-il commencé à le lire qu'il va se retrouver sous l'emprise de cette confession et décider de mener l'enquête sur ces morts tragiques. Dans son journal, la jeune femme révèle la venue dans sa ville natale de Cork, d'un jeune et séduisant conteur de légendes irlandaises, Jim Quick. C'est un « seanchai » qui va de ville en ville et qui, à chaque fois, sait charmer et captiver son auditoire. Mais partout où il passe, il sème la mort et la violence. Qui était ce personnage auquel aucune femme ne résistait ? Ses récits fantastiques sur un homme-loup dont il narrait les méfaits ne seraient-ils pas une transposition de ce qu'il était en réalité ?
Niall va mettre ses pas dans les siens et tenter de reconstituer les événements qui ont découlé de sa venue et qui seraient à l'origine de ces morts inexpliquées.

Un roman original à plus d'un titre avec une triple narration. La façon dont l'auteur mêle réalité et légende, loin de dérouter le lecteur, enrichit le récit qui devient de plus en plus passionnant. L'atmosphère étrange qui se dégage de ce roman à la limite du fantastique, séduit jusqu'à envoûter ceux qui le lisent et leur donne envie de découvrir l'Irlande.

Dany Neuman


Sang d'encre au 36
Hervé Jourdain

Editions Les Nouveaux Auteurs
352 p / 17,90€

Sang d'encre au 36
Un prof est abattu de deux balles dans la poitrine, à bout portant, du gros calibre, du sept soixante deux, comme celui d'une Kalachnikov. En fait, l'arme employée se trouve être un pistolet Tokarev provenant sans doute du Kosovo. Le meurtrier a été vu au guidon d'une moto noire, une Yamaha six-cent diversion. Il aurait, d'après un témoin, relevé sa visière avant de tirer sur sa cible et la tuer sans coup férir. Voulait-il que sa victime voit son visage avant de la trucider ? Les meurtres vont se succéder, bizarrement les morts font tous partie du corps enseignant.
Les assassinats sont revendiqués par des lettres toutes envoyées à un journaliste qui doit les transmettre à la police. Toutes sont postées avec des timbres à l'effigie de Simenon, si bien que les enquêteurs surnomment le motard « le fantôme de Maigret ».
Le commandant Duhamel, est aidé par son bras droit, une fliquette beurrette qui a tendance à s'asseoir sur les principes coraniques. Elle est plutôt du genre belle plante et sportive accomplie, elle court le marathon et s'entraîne régulièrement.
Mais la Crime pédale dans la semoule et, pendant ce temps, l'autre dézingue à tout va.
Dans les pas du commandant et de son adjointe, le lecteur va visiter le 36 quai des Orfèvres, si bien qu'à la fin de la lecture, il le connaîtra comme tout enquêteur de la Grande Maison. Ce récit est remarquable, tant par la justesse des situations que par les détails donnés par Hervé Jourdain. L'auteur nous décrit les lieux dans les moindres recoins, ainsi que la vie des hommes et des femmes qui y travaillent.

C'est un très bon polar, j'ai pris plaisir à le lire et je suis certain qu'il en sera de même pour vous.

Patrice Farnier

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