B A N D E S .. D E S S I N E E S
28/12/2005

L’aigle sans orteils
Lax (scénario & dessin)

Dupuis / Aire Libre
78 p

L’aigle sans orteils
Alors que se construit l’observatoire du Pic du Midi en 1907, le tour de France passe non loin de là. Créé par le journal L’Auto, les journalistes de celui-ci ont l’arrogance des parisiens qu’ils sont. Le pisse-copie de province, qui déjà s’intéresse plus aux dégâts et au vécu des attardés, se fait rabrouer par ses collègues sous prétexte que le lecteur veut de l’épopée. Que de l’épopée.
Sous la forte chaleur du mois de juillet, des hommes, des militaires artilleurs de Tarbes, portent des caisses et des caisses tout en haut du Pic du Midi pour la construction de la coupole de l’observatoire. Dans cette troupe d’hommes, il y a Amédée Fario, d’origine paysanne, qui contrairement aux autres, préfère ce travail de force. La belote à quatre au frais dans la chambrée, le tout arrosé d’un verre de rouge, est loin de l’idée qu’il se fait de l’armée.
Sur la plate-forme, après une journée éprouvante, Amédée regarde le ciel étoilé. Là, il fait connaissance de Camille Peyroulet, l’astronome qui travaille sur place. Le courant passe entre ces deux hommes. Amédée se sent utile à quelque chose et le savant, avec un cœur gros comme ça, l’en remercie.
Pendant ce temps ce sont les dernières étapes du tour, avec l’arrivée jugée à Paris. Dur dur, et puis il y a les contrôles inopinés avec marquages des coureurs pour éviter la triche. Pas toujours compris, normal ceux en tête y perdent du temps. Le vainqueur sera cette année là Lucien Petit-Breton. En 1908, il se succèdera à lui-même et en octobre Amédée Fario sera démobilisé.
Il retrouve les travaux des champs et ne pense qu’à devenir coureur cycliste. L’hiver venu, il devient porteur pour approvisionner le personnel de l’observatoire. Il y retrouve Camille Peyroulet qui ne l’a pas oublié. Les saisons, les années passent. L’amitié entre les deux hommes grandit. Amédée s’entraîne toujours pour prendre un jour le départ du tour de France et l’amour prend le visage d’Adeline a qui il confie qu’il lui offrira son premier bouquet.
1910. Le 20 octobre, malgré un temps à ne pas mettre un montagnard dehors, il porte les provisions pour les habitants de l’observatoire. Arrivé, la garbure et l’amitié de Camille et de ses collègues le réchauffent. Il y revient, même à la Noël. A 2 877 mètres d’altitude, la tempête de neige est glaciale et après s’être réchauffé auprès de ses amis, Amédée redescend…
1913. Amédée Fario est toujours un homme libre. Ses rêves sont simples. Il aime ses amis, sa grand-mère, Adeline et la petite reine. Sa volonté d’être au palmarès de la grande boucle est viscérale, sa quête du bonheur est humaine, son patriotisme, fatal.

Pendant quelques mois j’ai remisé cet album de l’ami Lax dans un coin de ma biblio perso, il est vrai qu’avec L’aigle sans orteils nous sommes loin du polar. Et puis, il y a deux semaines, en recherchant un livre, je l’ai retrouvé et ressorti pour le chroniquer. Ce récit m’avait chamboulé, et l’humanisme qu’il dégageait faisait qu’il devait se trouver dans nos pages. Voilà c’est fait !
C’était juste avant qu’il soit décerné à son auteur le Prix du Meilleur Album RTL. Encore bravo Christian et à bientôt pour ton « Choucas nouveau » !

Ceb


Carnet polaire
Christophe Blain

Casterman
92 p / 14,50 €

Carnet polaire
Ce récit raconte le sixième continent cher aux anciens Grecs qui déjà depuis Aristote savaient que la terre était ronde et pensaient qu’il existait au sud du globe des terres gelées comme pour faire contrepoids à celles du nord. Des explorateurs vont se succéder de la Renaissance à nos jours à la découverte de l’Antarctique, et c’est en pleine « guerre froide », en 1957-1958, que douze nations dont l’URSS et les USA, décident de démilitariser ce continent pour qu’il devienne ainsi un territoire réservé uniquement à la recherche.
Le 30 janvier 1997, Christophe Blain part depuis Roissy pour la base Dumont-d’Urville en terre Adélie. Arrivé le 2 février 1998 à Hobart en Tasmanie, via Singapour et Melbourne, le véritable voyage commence. Cinq jours sont nécessaires à l’Astrolabe, le navire de ravitaillement, pour transporter sur la terre Adélie l’auteur et les scientifiques qu’il accompagne. Même si c’est l’été austral, la mer est forte, le bateau tangue et le mal de mer redouté ne quitte pas le narrateur. Le 5 février à 2 heures du matin, seule une aurore boréale le mettra sur le pont, malade mais heureux d’avoir vu ce spectacle. L’arrivée sur la terre ferme est prévue le 8 février.
L’essentiel du récit débute lorsque Christophe Blain pose le pied à Dumont-d’Urville. Il est 20heures ce 8 février 1998, il fait –10° mais l’accueil est chaleureux autour d’un bar, style salle des fêtes des années 70. Tous les scientifiques et les techniciens s’y retrouvent à la fin de leur journée, seuls les manchots restent sur la roche gelée…

Carnet de Lettonie
Christophe Blain

Casterman
94 p / 15,50 €

Carnet de Lettonie
Si dans son Carnet polaire, la place du texte de l’auteur est plus importante que celle des dessins et croquis, dans ce dernier c’est le contraire qui prévaut. Christophe Blain est parti une première fois en hiver, une seconde en été, pour réaliser avant tout un carnet « contemplatif » selon ses souhaits. Sous le charme de Vita sa guide, et en compagnie du fils de celle-ci, l’auteur a sillonné le pays letton. Il a croqué un max, se gardant au retour d’y adjoindre des mots. Des villes à l’architecture stalinienne aux campagnes vierges de toute culture intensive, des Lettons aux Russes (ex-envahisseurs), des cimetières situés dans les bois aux ports de la Baltique, des modes aux traditions, des Lettones sexy de Riga à celles des chorales traditionnelles, l’auteur dessine l’âme de ce pays et ainsi donne envie au lecteur d’aller y faire un tour. Gagné ! C’est le but de tout carnet de voyage.

Ceb


La cuisine du diable
(Tome 1)
Le déjeuner des ogres
Karl T.
Marie

Vents d’Ouest
48 p

La cuisine du diable (Tome 1) Le déjeuner des ogres
1931, New York se rapproche toujours plus du ciel. Les buildings sortent de terre et grimpent. Pendant ce temps là dans Little Italy la mafia rackette tout en parlant de protection. Des boulangers, les parents d’Anthony, vont en faire les frais. Protégés, ils sont liquidés par un clan adverse. C’est ainsi que gamin va se retrouver, avec ses six autres frères, à trimer pour « l’Ogre » de Brooklyn. Son seul espoir, outre que ses frangins ne soient pas à la rue, est de retrouver son amie Anne avec qui il jouait après l’école. Il a le béguin pour elle et réciproquement. Celle-ci a quitté Little Ytaly, obligée de suivre sa grande sœur Candice qui s’est mariée avec un promoteur du nom de Baldwin. Celui-là même de l’Empire State Building. Anne, lors d’une réception, se voit interdire l’accès à une pièce particulière. Sa grande sœur la réprimande d’avoir voulu braver l’ordre de son mari. Candice, elle aussi ne la jamais franchie. Pendant ce temps, Anthony continue ses travaux forcés dans le trafic d’alcool et invité à la soirée de l’Empire State Building ne pense qu’à enlever Anne des griffes de Baldwin. Pour ce faire, il joue double jeu avec ce dernier et l’Ogre, son boss. Donnant donnant, les six filles de l’Ogre contre la liberté d’Anne. En compagnie de cette dernière, il apprend que des hommes de Baldwin vont détourner un chargement de whisky de l’Ogre et là il pense à ses frères qui doivent être de corvée cette nuit avec le « Tailleur », un sadique de première…
Le traquenard sur le pont de Brooklyn effectué laissera quelques macchabées, des véhicules en flamme vidés de leur chargement de whisky. Baldwin prévenu du résultat et du meurtre d’un Irlandais par un rital pense que la guerre des gangs n’est pas loin, un bon point pour ses affaires immobilières. D’humeur badine, il se voit rabrouer par sa femme. Renvoyée par son mari dans sa chambre, Candice, passablement éméchée, ouvrira la porte interdite, Baldwin l’apercevra…

 

 

La cuisine du diable
(Tome 2)
Le festin des monstres
Karl T. (dessin)
Marie (scénario)

Vents d’Ouest
48 p

La cuisine du diable (Tome 2) Le festin des monstres
Les camions brûlent encore sur le pont lorsqu’arrive la police. Des gamins sont là aussi. Fleming le cop et son boss l’inspecteur à la face Elroynienne constatent et dissertent sur le devenir des chargements. Disparus, mais pas pour tout le monde. Blocage immédiat des quais de Brooklyn, et qu’ça saute !
Et pendant ce temps, la fête bat son plein chez Baldwin alias 2B l’homme de l’Empire State Building. Ca sent l’alibi à plein nez. Du côté des momes, ça bosse, ça trime à fond les caisses de whisky. Anthony et son nouveau pot Wang de Chinatown transportent des caisses et des caisses avec tous les gosses du quartier. Rivalité ; Gao, le frère aîné, un voleur à la tire, n’a pas vraiment d’atomes crochus envers le monde rital de la grosse pomme mais Chang et nouveau gang de gosses a d’autres vues. Juste pour votre info ; Quelques jours avant, le jour du nouvel an, le Tailleur avait failli buter Chang. Il doit la vie à Anthon’ qui avait su amadouer le tueur de l’Ogre.
Anthony cherche toujours à récupérer la môme Anne. Sa machination pour mettre le feu entre le 2B et l’Ogre est donc toujours à l’ordre du jour. Mais l’inspecteur elroynien sera-t-il un obstacle à celle-ci ou se contentera-t-il de compter les morts de part et d’autre ?

Des deux tomes, ce deuxième est sans nul doute le plus fort. Anthony grandit et franchit le pas vers l’age adulte d’une manière irrémédiable au détriment de plus mauvais que lui. Que deviendra-t-il dans le prochain cycle ? Ne sera-t-il pas pire que ceux qu’il a combattus ?

Ceb

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