R O M A N S
03/03/2003

La porte de l'enfer
Saül Bergman
… laisse toute espérance…

Editions du Rocher
224 p / 18 euros

La porte de l'enfer
Metz, un vieux quartier en cours de rénovation. Un champ de ruines où arrive un étrange soldat au nom bizarre. Il cite régulièrement l'Apocalypse et erre dans les vieilles rues comme un fantôme. Est - il, comme il le dit, le soldat universel, celui qui annonce la destruction et la mort ? Où est-ce le garçon torturé dont la mère s'est faite assassiner quelques années auparavant ? Nul ne le sait. Peu l'ont reconnu, peu lui parlent et ses seuls compagnons sont la solitude et les cauchemars qui l'assaillent au plus profond de la nuit. Est-il responsable des morts étranges qui se multiplient autour de lui ? Il faudra l'amour d'une femme pour qu'il voie enfin clair en lui et qu'il aille jusqu'au bout de son destin.
Un superbe roman, tout en finesse, construit comme on peint une toile. Coup de pinceau après coup de pinceau, le décor se précise, le tableau prend, peu à peu, tout son sens pour ne se dévoiler qu'à la dernière touche finale.

Bernard Reversat


La XIIIe centurie
Jacques-René Martin
Drame sous la Restauration

Hors Commerce
300 p / 21 euros

La XIIIe centurie
Casse-Pierre, compagnon du Tour de France et tailleur de pierres, monte à Paris où il doit rencontrer son protecteur. Rude métier, rude période que cette année 1830. Le petit peuple s'agite et les argousins ne sont pas d'une tendresse évidente. Au milieu de cette perpétuelle agitation plusieurs crimes à la flèche empoisonnée passeraient inaperçus s'ils ne concernaient pas directement le jeune homme. Le voici au milieu d'un imbroglio où se mêlent le chef de la sûreté, son protecteur, Nostradamus et qui sait quoi encore !
Avec adresse, Jacques-René Martin nous fait plonger dans les ruelles sombres d'un Paris quasi moyenâgeux ou voleurs, assassins, nobles et bagnards se côtoient, les plus dangereux n'étant pas toujours ceux que l'on croit
Une fresque haute en couleur à découvrir sans coup férir.

Bernard Reversat


Une petite bière pour la route
Philippe Carrese
Fantaisie pour des ploucs

Fleuve Noir
216 p / 15 euros

Une petite bière pour la route
Un enterrement banal et tout ce qu'il y a de plus minable. Autour d'un curé à l'accent slave se trouvent réunis un neveu genre beauf, une maîtresse éplorée, quelques croque-morts et un presque passant, victime du devoir familial. Situation courante, s'il en est. Oui, mais ! les évènements s'accélèrent à vitesse grand V, on plonge allègrement dans le délirant, le lecteur éberlué se retrouve dans un film de Francis Blanche. Tout le monde menace de tuer tout le monde pour la possession d'un cercueil qui n'en demandait pas tant.
Philippe Carrese délaisse un temps le polar noir pour nous asséner une grosse farce, hilarante et décapante. Quelques heures de folie qui décoiffent le temps de la lecture d'un polar mené à bride abattue.

Bernard Reversat


H.A.N.D. 1 - La peau des ombres
Vegliona (dessin), P. Pelot (scénario)
Cauchemar génétique

Dupuis Repérages
48 p / 9 euros

H.A.N.D. 1 - La peau des ombres
H.A.N.D. pour Human Analysis New Departement. Tout un programme! L'homme est devenu un petit dieu, il maîtrise l'espace et (presque) le temps. La durée de la vie humaine s'est allongée démesurément, mais à quel prix. Manipulations génétiques et bavures gênantes se multiplient. Les puissants, ceux qui profitent du système, s'inquiètent. Il ne faudrait pas que la grande majorité, les esclaves plus ou moins modifiés, prennent conscience de leur manipulation. D'où élimination des "déchets". Heureusement, de temps en temps, un grain de sable se glisse dans la belle mécanique. Le jeu est faussé bien que la balle reste dans le camp des riches. Fin du premier épisode.
Bienvenue à Vegliona, petit nouveau au superbe dessin et à Pierre Pelot, vieux routier des avenirs qui déchantent. Souhaitons leur bonne chance dans cette représentation inquiétante de notre avenir radieux.

Bernard Reversat


Notre-Dame des barjots
Virginie Brac
Descente aux enfers

Fleuve Noir
240 p / 15 euros

Notre-Dame des barjots
Virginie Brac confirme avec ce roman qu'elle est un* des meilleurs écrivains de suspense psychologique. Après "Tropique du pervers", "Notre-Dame des barjots" confirme son talent. On retrouve Véra Cabral, médecin d'intervention psychiatrique aux prises avec la démence ordinaire sans parler de supérieurs hypertrophiés du moi.
Russel, son patron a des problèmes avec son fils en plein délire psychotique. Un cadavre vient compliquer les choses. Il faut à tout prix étouffer l'affaire et faire interner le coupable. Véra, doute et refuse de se fier aux apparences. Elle va mener sa propre enquête, malgré les pressions de son chef.
Un livre tout en finesse où le cheminement de la pensée de l'héroïne est primordial. A partir de faits épars, cette femme fragile et indomptable reconstitue de façon logique le puzzle compliqué qu'elle a sous les yeux sans se soucier, un seul instant, de ce qui peut lui arriver.

* Je suis peut-être vieux jeu, je n'arrive pas à parler d'auteuse ou d'écrivaine. Que le MLF me le pardonne !

Bernard Reversat

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